Le tourisme tunisien confirme en 2025 son rôle d’amortisseur et de locomotive dans une économie en tension. Selon les dernières données publiées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les recettes touristiques cumulées ont atteint 6 264,3 millions de dinars à fin septembre 2025, contre 5 789,2 millions un an auparavant, soit une progression de 8,2 % en glissement annuel.
Converties au taux moyen de 1 euro pour 3,42 dinars, ces recettes équivalent à près de 1,83 milliard d’euros, consolidant la place du tourisme comme premier poste pourvoyeur de devises aux côtés des transferts de la diaspora tunisienne.
Un flux de devises vital dans un contexte budgétaire contraint
Alors que le déficit courant et la contrainte extérieure continuent de peser sur les équilibres macroéconomiques, le tourisme agit comme un stabilisateur de la balance des paiements.
À lui seul, il génère un afflux net d’euros permettant de soulager les tensions sur le marché interbancaire des changes et de renforcer les avoirs nets en devises, estimés à plus de 24,7 milliards de dinars fin août, soit 107 jours d’importation.
Ce flux de liquidités en euro constitue un véritable coussin de sécurité monétaire, venant compenser la décélération de certains autres postes, notamment industriels et exportateurs.
Le tourisme, actif stratégique et baromètre de confiance
Au-delà de son poids financier, le tourisme reste un baromètre de confiance internationale.
Les arrivées de visiteurs européens (France, Allemagne, Italie) et maghrébins (Algérie, Libye) connaissent une reprise soutenue, traduisant la résilience du produit touristique tunisien et la remontée de sa compétitivité-prix dans la région euro-méditerranéenne.
Les professionnels notent également une hausse de la dépense moyenne par visiteur, tirée par la montée en gamme de l’offre hôtelière, le retour des clientèles long-courrier et l’intégration de nouveaux segments à haute valeur ajoutée : Thalassothérapie, bien-être, golf, MICE et tourisme culturel.
Chaque euro dépensé par un visiteur international génère en moyenne 1,6 euro de valeur ajoutée pour l’économie nationale, via les effets d’entraînement sur l’hôtellerie, la restauration, le transport, l’artisanat et les services connexes.
Synergie diaspora–tourisme : un double flux d’euro vital
En parallèle, les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger ont atteint 6 485,9 millions de dinars à fin septembre (+8,06 %).
Combinés aux recettes touristiques, ces deux leviers représentent plus de 12 milliards de dinars, soit environ 3,5 milliards d’euros injectés dans le circuit financier tunisien, un volume équivalent à plus de la moitié du service annuel de la dette extérieure.
Ce tandem diaspora-tourisme, l’un stable et l’autre cyclique, constitue aujourd’hui le socle de la soutenabilité externe du pays.
Un secteur à effet multiplicateur élevé
Chaque point de croissance touristique se répercute sur le PIB, l’emploi et l’investissement régional.
Le secteur compte parmi les plus forts multiplicateurs de revenus : il irrigue les chaînes de valeur locales, crée de l’emploi non délocalisable, et stimule l’investissement hôtelier, notamment à Djerba, Hammamet et Sousse.
L’effet combiné d’un taux de change euro/dinar favorable et d’une optimisation des capacités hôtelières permet au secteur d’améliorer sa marge nette en devises, malgré la hausse des coûts énergétiques et alimentaires.
Des perspectives de clôture 2025 sous le signe de la consolidation
Si la tendance actuelle se maintient, la Tunisie pourrait clore l’exercice avec plus de 8 milliards de dinars de recettes touristiques, soit environ 2,3 milliards d’euros.
Les projections du ministère du Tourisme tablent sur plus de 11 millions de visiteurs d’ici décembre, un niveau inédit depuis 2019.
L’enjeu désormais : transformer le volume en valeur, en misant sur la qualité, la diversification des marchés et la montée en gamme de l’expérience touristique.
Car dans un monde où le tourisme devient une monnaie d’influence, chaque euro touristique gagné est aussi un capital de confiance reconquis.
